Lettre au
Ministre de la Santé
Monsieur le
Ministre de la Santé,
de la protection sociale et de la famille
8, avenue
de Ségur
75007 PARIS
Le
2 décembre 2004,
Monsieur le Ministre,
La CNAMlib n’a reçu
aucune assurance concernant les préoccupations des médecins spécialistes
libéraux sur les modalités d’application de la réforme de l’assurance maladie
et le futur cadre conventionnel.
Cet autisme vis-à-vis de
notre organisation ne peut qu’entretenir un climat de suspicion sur vos
intentions et qu’exacerber un mécontentement dont vous pouvez mesurer la montée
chez les médecins spécialistes libéraux dont un grand nombre s’apprête à cesser
toute activité la semaine prochaine.
Nous avons ainsi pu
recenser plus de 5000 cabinets qui annoncent leur fermeture et plus de 165
cliniques qui seront en cessation totale ou partielle d’activité avec 37% des
médecins anesthésistes concernés.
Nous vous rappelons une
fois de plus, les points qui posent problème:
1° Notre combat est
avant tout celui de la promotion d’une qualité des soins optimale dont nous
acceptons le principe du contrôle. Cette qualité a un coût, c’est celle des
investissements en matériels techniques modernes, en personnel suffisant, en
formation continue exigeante, en locaux et en temps. Nous ne pouvons transiger
avec la qualité de nos prestations et nous sommes certains que, en tant que
médecin, vous ne pouvez avoir un avis contraire.
Toute insuffisance
tarifaire ne peut donc être acceptée ; on ne peut opposer à notre légitime
demande de pouvoir pratiquer, après quinze ans de blocage des honoraires, des
tarifs réalistes, quel que soit le secteur conventionnel d’exercice, les
difficultés budgétaires auxquelles doit faire face l’assurance maladie. Soigner
est une chose, assurer la solidarité en est une autre. C’est votre
responsabilité et celle du gouvernement de décider des arbitrages nécessaires
pour adapter le budget de l’assurance maladie afin de garantir l’accès de tous à
une médecine de qualité et non aux médecins d’aligner le niveau de leurs
prestations sur une enveloppe financière disponible. La qualité des soins et
donc la sécurité sanitaire ne peuvent être les valeur sd’ajustement du budget de
l’assurance maladie.
2° On ne peut en même
temps prétendre encadrer les dépenses et inciter les assurés à s’engager dans un
parcours de soins et vouloir réglementer les tarifs de ce qui relève
exclusivement de choix personnels sans motif médical. Il n’y a donc aucune
raison de chercher à plafonner les dépassements d’honoraires pour les assurés
qui ne respecteraient pas le parcours de soins préconisé. Seuls les
comportements tarifaires abusifs doivent être écartés.
3° En France, tout
citoyen a droit à la présomption d’innocence et tout appel d’une sanction
prononcée par une juridiction est suspensif, même pour un ancien Premier
Ministre. Aucun médecin ne peut accepter que la réglementation ne lui accorde
pas les mêmes droits. Cette affirmation ne remet aucunement en cause le
principe des sanctions.
Lundi prochain, plus d’un
millier de délégués du mouvement s’expatrieront symboliquement à Barcelone pour
y tenir un congrès qui établira de nouvelles règles pour l’exercice de notre
profession, plaçant la qualité des soins et donc le malade au centre de la
problématique, conformément à ce que sont en droit d’exiger les citoyens d’un
pays développé.
A notre retour, chacun
des acteurs du système de santé et de l’assurance maladie devra prendre acte des
décisions qui auront été prises à Barcelone.
Pour les médecins engagés
avec la CNAMlib dans le combat pour la défense intransigeante de la qualité des
soins, il ne saurait y avoir de retour possible vers un système qui
prétendrait ignorer cette valeur éternelle de la médecine que nous avons fait
serment de défendre en devenant médecins. Il en va de notre honneur mais surtout
de la santé des Français.
Il faut que chacun des
membres de votre cabinet et vous-même en soyez intimement persuadés.
Nous vous prions
d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre profond respect.
Docteur Guy SCHUCHT
Président d’honneur
de la CNAMlib
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